2005

FESTIVAL DE THÉÂTRE DES AMÉRIQUES — 11E ÉDITION

100 rencontres

BENOÎT LACHAMBRE | PAR B.L.EUX (MONTRÉAL)

100 rencontres

Vidéo performance, installation plastique, intervention sonore, poésie, les oeuvres de Benoît Lachambre débordent les champs de la création pour poser des questions qui repoussent sans cesse le cadre chorégraphique. Mise en jeu radicale de tous les langages, son oeuvre est celle d’un artiste polymorphe pour qui l’inaccoutumé est la règle de l’art.

Biokhraphia

LINA SANEH + RABIH MROUÉ (BEYROUTH)

Biokhraphia

Le titre est formé de trois mots : bio vient du grec bios qui signifie la vie, graphia vient aussi du grec et désigne l’écriture et, enfin, khara en arabe veut dire merde. Biokhraphia : biographie de merde. L’autobiographie, que ce soit au théâtre ou ailleurs, n’est-elle pas toujours mensonge ou manipulation ? L’identité n’est-elle pas en partie un leurre ? Moi, qui est-ce ? De qui est-il question quand il est question de moi ?

Cinema cielo

DANIO MANFREDINI | EMILIA ROMAGNA TEATRO (MODÈNE)

Cinema cielo

Délinquante, offensive, l’oeuvre de Jean Genet est toute théâtrale, y compris dans ses romans. Maître dans l’art de la poudre aux yeux, expert en faux et en rhétorique, cela pour mieux démasquer les faux-semblants et les apparences, Genet se serait reconnu dans l’adaptation irrévérencieuse et flamboyante qu’offre Danio Manfredini de son roman Notre-Dame-des-Fleurs.

Dance On Glasses

AMIR REZA KOOHESTANI | MEHR THEATRICAL GROUP (SHIRAZ)

Dance On Glasses

Un garçon et une fille. Ils appartiennent à deux mondes différents et aucun ne peut aller dans le monde de l’autre. Mais la réalité théâtrale est plus complexe. Installés à une longue table qui sépare les spectateurs, Foroud, maître de danse, et une jeune femme, son élève, sa maîtresse ou sa muse, s’opposent en se consumant. Il y va de cet homme et de cette femme comme de l’Iran et de l’Inde, comme de la tension entre pouvoir temporel et pratique spirituelle. La discipline du professeur évoque une dictature prête à s’effondrer devant la passion. Car s’impose en face de lui l’appel de la liberté, une féminité insaisissable qui, telle la déesse hindoue Shiva, préfère la destruction à la soumission. Les valeurs changent en Iran. Les pratiques artistiques aussi.

E (un roman dit)

ALAIN FRANÇON | THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE (PARIS)

E (un roman dit)

Imaginez une guerre civile, mais imaginez-là ici. Imaginez maintenant que c’est vous l’autre. Celui qu’on l’on parque dans un camp. Imaginez un roman dit, un théâtre présent à notre temps. En homme de principes, fidèle à certaines idées, à certains auteurs, le metteur en scène Alain Françon remet sans cesse sur le métier les oeuvres des éclaireurs de notre monde. Le manieur de langue qu’est Daniel Danis en est un.

Forêts

WAJDI MOUAWAD | AU CARRÉ DE L'HYPOTHÉNUSE & ABÉ CARRÉ CÉ CARRÉ (FRANCE | QUÉBEC)

Forêts

Après Incendies, Wajdi Mouawad s’engage dans une nouvelle création. S’engage, oui, car c’est bien toujours d’engagement dont il est question avec lui. À l’orée de Forêts, lui et toute son équipe s’interrogent. Jusqu’où ira le mépris à l’égard des artistes et de la création ? Comment concilier la véritable création et les manières de créer qui prévalent en notre ère industrielle ?

Half Life

DANIEL BROOKS | NECESSARY ANGEL THEATRE COMPANY (TORONTO)

Half Life

Un homme et une femme de 80 ans passés se rencontrent et s’aiment. Une histoire simple. Mais en fait, ne raniment-ils pas une vieille flamme ? Ne se sont-ils pas déjà rencontrés ailleurs, autrement ? Pourquoi cet amour trouble-t-il tant leurs enfants ? Il est vrai que les lumières du crépuscule sont parfois plus chaudes et enveloppantes que le soleil du midi. Ardeurs du soir, frayeurs du jour, vies à demi inconnues, vies perdues et retrouvées, l’univers de l’écrivain et mathématicien John Mighton se déploie avec grâce et mystère.

In Side & Aura

STÉPHANE GLADYSZEWSKI (MONTRÉAL)

In Side & Aura

Corps flottant, corps peint, corps gouttelette, corps multiplié, le corps est à la fois matière première et matière de rêve pour l’artiste indiscipliné Stéphane Gladyszewski. Au croisement des arts visuels et de la performance, In Side & Aura se présentent comme des oeuvres « expérientielles » et sensuelles qui établissent un dialogue tendu et vibrant entre corps, matière et lumière.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi

MARIE-CLAUDE GAMACHE + MARTINE LALIBERTÉ + MARIANNE MATTE + NANCY ROBERGÉ | LA CELLULE LUMIÈRE ROUGE DE MISE AU JEU (Montréal)

Je ne sais pas si vous êtes comme moi

Ça circule autour de la rue Ontario ! Dans les ruelles et les hôtels de passe, dans les échoppes de tatoueurs et les appartements vides, il y a toute une vie qui bat. Et quand tu sais regarder les hommes au volant, tu vois bien le désir du chasseur prêt à saisir sa proie. Si tu te prêtes au jeu, tu verras que la rue est un théâtre et que le monde des travailleuses du sexe du quartier Centre-Sud égale en trouble et en malaise les fictions les plus dérangeantes.

La chambre d’Isabella

JAN LAUWERS | NEEDCOMPANY (BRUXELLES)

La chambre d’Isabella

Deux heures de spectacle en perpétuel mouvement dont on dévore tout: les monologues, les divagations, les chansons aussi, des airs que l’on se surprend à fredonner. Comédie musicale et tragique, création étourdissante aux interprètes singulièrement énergiques, cette oeuvre scelle définitivement notre dépendance à la Needcompany du metteur en scène Jan Lauwers, talentueux agitateur de la création flamande.

La pornographie des âmes

DAVE ST-PIERRE (MONTRÉAL)

La pornographie des âmes

Le sexe n’est pas fait pour les scrupules. La scène non plus. Espoir de la nouvelle danse au Québec, Dave St-Pierre frappe un grand coup avec cette oeuvre où il décline, de A à Z, l’alphabet des interdits, des non dits, des agressions et des transgressions. Dans notre monde où un sein dévoilé est considéré plus obscène que la mort de centaines de civils au journal télévisé, où le corps est tabou, mais la corruption monnaie courante, le chorégraphe ose exhiber les corps et les âmes, offrir une vitrine sur le laid, la faille et la détresse humaine, et poser sans détour la question : qu’est-ce qui est pornographique ?

Le doux parfum du vide

ROBERT BELLEFEUILLE | POINT D'EXCLAMATION THÉÂTRE (MONTRÉAL)

Le doux parfum du vide

Caviar et ortolans ne suffisent plus. Une chef de renom cuisine donc des ingrédients encore plus rares pour appâter sa clientèle branchée tandis que son amoureux tente désespérément de la reconquérir, cela sous l’oeil exercé d’une reportère avide de sensations fortes. En une suite de tableaux brefs, à l’humour féroce, Pascal Lafond signe une cruelle métaphore sur notre séduisant enfer contemporain, où des viandes consentantes marchent en souriant vers la catastrophe, où proies et prédateurs errent en solitaire dans le monde repu qui est le nôtre.

Le traitement

CLAUDE POISSANT | THÉÂTRE PÀP (MONTREAL)

Le traitement

Des producteurs de cinéma engagent des inconnus pour les écouter raconter leur histoire. Un trafic d’expériences vécues pour voyeurs avides de télé-vérité, tel est le traitement de choc que nous réserve l’auteur anglais Martin Crimp. Dans cet univers mercenaire, où l’art se vend et s’achète sur le bitume multiculturel de New York, se rencontrent une quinzaine de personnages étranges et fascinants, réalistes et surréalistes : un ancien dramaturge obsédé de voyeurisme, un chauffeur de taxi, clone d’OEdipe dans cette Amérique tonique et déjantée, un acteur noir qui va prendre en main le film.

Les apatrides

MARC DUMESNIL | THÉÂTRE I.N.K. (MONTRÉAL)

Les apatrides

Comment faire une femme de soi? Comment s’élever toute seule quand on parle huit huitièmes de langue et pas une seule au complet, quand on n’a jamais été quelqu’un pour personne? Elle, c’est son nom, part dans la vie avec des espoirs pleins ses poches crevées et rencontre sur sa route des sans le sou, des sans domicile, des sans amour, des sans patrie. Au bout du chemin : l’adulterie, une possible victoire sur l’exil, l’espoir d’une renaissance. Auteure et principale interprète de cette épopée fantaisiste, de cette fable tendre et grave sur l’enfance, Marilyn Perreault déploie une folle floraison de mots, propose un théâtre au verbe et au corps acrobatiques, signe un parcours initiatique qui va du clownesque à l’existentiel, du balbutiant au déchirant, du jeu de maux au bord du gouffre. Il y eut les Atrides, voici les Apatrides, des sans famille en émergence hors de l’enfance.

Looking for a Missing Employee

RABIH MROUÉ (BEYROUTH)

Looking for a Missing Employee

Leurs visages s’affichent dans le métro ou dans les journaux. Ils sont disparus. On les recherche. Ne reste plus d’eux qu’une image qui ne vieillit plus : souvenirs trompeurs d’une présence aujourd’hui absente. Disparaissent aussi chaque jour, dans des pays en guerre, dans des territoires occupés, des hommes et des femmes dont en vain on attend le retour. Que sont-ils devenus ces êtres que l’on croyait connaître et qui ont fui vers une autre réalité ? La scène est aussi un lieu où s’agitent des présences irréelles, des êtres fantomatiques, des illusions de vie dont le poids de chair est pourtant si réel.

Nous étions assis sur le rivage du monde

DENIS MARLEAU | UBU, COMPAGNIE DE CRÉATION (MONTREAL)

Nous étions assis sur le rivage du monde

Français d’origine béninoise, José Pliya impose un style, violemment sensuel, puissamment poétique, à la fois simple et lyrique, une langue superbe, un théâtre qui nomme le gouffre entre hommes et femmes, entre passé et présent. Peut-on jamais revenir là d’où l’on vient ? Les recommencements sont-ils possibles ? Les retours, souhaitables ?

Peepshow

MARIE BRASSARD | INFRAROUGE THÉÂTRE (MONTRÉAL)

Peepshow

Après deux créations qui ont fait d’elle une figure singulière de l’art contemporain, Marie Brassard s’aventure à nouveau du côté de l’intime et de l’interdit, des tabous sociaux, des mondes et des réalités parallèles, du côté de ces frontières invisibles qui nous séparent les uns des autres. Car nous sommes irrémédiablement seuls. Que savons-nous en vérité des êtres qui nous entourent et que l’on croit connaître ? Que savons-nous de leurs pensées, de leurs désirs cachés ? Les mots ne correspondent jamais à ce qu’ils s’efforcent d’exprimer, ne permettent pas d’entrer vraiment en contact avec l’autre, de révéler cette part maudite que l’on camoufle tous.

Si ce n’est toi

ALAIN FRANÇON | THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE (PARIS)

Si ce n’est toi

Edward Bond voit toujours rouge. D’une oeuvre à l’autre, le grand auteur de théâtre anglais reporte au pouvoir la seule arme qui nous reste contre la barbarie : l’imagination. Nous sommes ici le 18 juillet 2077, dans un monde où le passé a été aboli et où l’homme, réduit à un présent contrôlé, lorsqu’il ne succombe pas à la vague de suicides qui décime la terre, erre dans le vierge, le vivace et l’atroce.

The Room

AMAL EL KENAWY | YOUNG ARAB THEATER FUND (LE CAIRE)

The Room

Chambre d’écho, chambre noire, camera oscura, la chambre de la plasticienne et vidéaste égyptienne Amal El Kenawy permet aux images les plus intimes et les plus poétiques de prendre forme et réalité. Une robe de mariée que l’on coud. Un coeur palpitant qui subit les assauts de l’aiguille et se pare de fleurs blanches. Oui, le mariage est un attachement. Troublante correspondance entre la femme seule en scène et l’image projetée, entre la situation réelle et sa perception.