Ateliers Danse à la carte – TransFormation

Après la disparition brutale de Béatrice, elle se rend auprès de la chorégraphe et pédagogue Germaine Acogny au Sénégal avant de s’installer en France, à Montpellier, pour suivre le Master exerce, alors dirigé par Mathilde Monnier. Elle crée ensuite ses propres travaux tout en dansant les dernières pièces du chorégraphe Alain Buffard (décédé en 2013), dont la rencontre sera plus que marquante. Son premier solo d’envergure, Quartiers libres, acte fondateur d’une prise d’espace a fait du bruit et tourne toujours.

Si Nadia Beugré monte sur un plateau, c’est pour dire des choses, remettre en question, lever des tabous. Son engagement en tant que femme est habité par la Marche des femmes sur Grand-Bassam (1949), évènement historique, mouvement de soulèvement en Côte d’Ivoire pour la libération de leurs époux emprisonnés par les autorités coloniales, que l’on retrouve dans sa pièce Legacy (2015). Cet état de lutte, ce courage et cette mise à nue sont les moteurs de la chorégraphe. En créant l’association Libr’Arts, Nadia Beugré souhaite tisser des liens entre notamment la France et la Côte d’Ivoire. Elle vient de mettre en place un projet de formation pour les jeunes femmes ivoiriennes, afin de créer un espace de création, de prise de parole, de visibilité et de liberté. La détermination de Nadia Beugré n’a pas de frontières.

Goodbye (FTA, 2012), savant mélange de danse et de théâtre, propose une réflexion sur l’art et ses artifices. Sa fascination pour le jeu entre le mot et le geste se cristallise avec WOULD (2015) qui remporte le Prix du CALQ de la meilleure œuvre chorégraphique. En 2016, elle amorce un cycle de création avec Animal triste et Icône pop, pièce qui remporte un prix au SummerWorks Performance Festival de Toronto. Après avoir participé aux chorégraphies de Pluton-Actes 2 (FTA, 2016), elle met sur pied Danse Mutante (2019), ambitieux relais chorégraphique se déployant sur trois continents. La Goddam Voie Lactée (FTA, 2021), œuvre sur l’inachèvement et l’imprévisible, naît en réponse au contexte social et politique du moment. En 2021, Demers reçoit le Grand Prix de la danse de Montréal pour l’ensemble de son œuvre.

Artiste phare de sa génération, Gaudet n’a cessé d’explorer les tremblements de la forme chorégraphique en travaillant une physicalité brute toujours en tension avec les corps émotionnels qui grouillent sous la chair. La chorégraphe sait créer des vagues d’intensité qui sollicitent fortement l’empathie du corps spectatoriel. Les jolies choses s’inscrit dans la lignée d’un nouveau cycle chorégraphique plus minimaliste et contemplatif, amorcé avec L’affadissement du merveilleux (FTA, 2019) et Se dissoudre (2021). Elle y interroge notamment notre perception du temps au croisement d’une quête ontologique du mouvement et des courants qui l’animent.

Aujourd’hui, la réputation de la chorégraphe n’est plus à faire. Son impact au sein de l’écosystème artistique et son influence dans le milieu de la recherche actuelle en danse sont indéniables. En plus d’être régulièrement chargée de cours et d’avoir été professeure invitée au département de danse de l’UQAM en 2018-2019, elle est directrice générale de la Compagnie Catherine Gaudet, membre de Circuit-Est centre chorégraphique, créatrice associée chez DLD-Daniel Léveillé Danse et artiste associée à l’Agora de la danse.

Après Fragments (2009), inspirée des histoires de sa mère dans les pensionnats et Native Girl Syndrome (2013) qui explore la décélération comme forme de résistance, elle crée au FTA en 2018 un projet bicéphale : la performance Windigo et l’installation Phantom Stills & Vibrations,qui se penchent sur les répercussions des pensionnats où ont été envoyées de force trois générations de sa famille.

En 2019, elle crée au FTA, avec Émilie Monnet, This Time Will Be Different, une installation-performance qui mettait à mal le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, dénonçant le statu quo envers les peuples autochtones. Créée à partir d’entrevues menées auprès de plusieurs membres des Premières Nations, la performance mêle les générations et agit comme un exutoire pour une réappropriation de l’histoire figée dans les livres. Poursuivant cette recherche autour des expériences intergénérationnelles, Kramer élargit sa quête avec Them Voices, où le futur rêvé sert de catalyseur vers de nouveaux rythmes, de nouvelles mobilités. Le solo convoque les multiples voix de sa mémoire collective, histoire passée, présente et future, intégrant en elle les ancêtres de toutes les générations.

À partir de 2004, ses solos sont présentés en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, en Asie et dans les Caraïbes. My Exile Is In My Head est d’ailleurs accueilli au Centre national des arts à Ottawa en 2015. Après avoir fondé sa compagnie à Paris et connu un fulgurant succès qui l’a amené jusqu’au Festival d’Avignon, entre autres scènes majeures, Onikeku rentre à Lagos en 2014 et fonde, avec sa partenaire Hajarat Alli, le QDanceCenter, aujourd’hui le People Center, un incubateur de pratiques artistiques, de développement de talents et d’engagement communautaire, structure unique avec laquelle ils expérimentent les intersections possibles entre les arts et la société. Onikeku est actuellement le premier créateur en résidence au Center for Arts, Migration and Entrepreneurship de l’Université de Floride. Utilisant des technologies de pointe, ses recherches portent sur le développement d’interactions permettant de créer des perspectives économiques en jetant un pont entre les nouvelles technologies et l’expérience africaine mondiale.

Re:Incarnation est le fruit de ce travail entamé avec de jeunes danseurs et danseuses recruté·e·s sur les réseaux sociaux au Nigeria, puis formé·e·s dans un esprit de conscience et de mémoire corporelle. Au programme de la 19^e Biennale de la danse de Lyon dans le cadre de la Saison Africa2020, Re:Incarnation s’appuie sur la philosophie yoruba, l’ethnie d’origine de Onikeku, pour célébrer la mémoire vive des corps et la force de réinvention de l’Afrique dans une renaissance collective, où passé, présent et futur se rejoignent.

Artiste indépendant en danse contemporaine, Wang observe et étudie les motivations profondes des mouvements et des émotions transmises par le corps. Réputé pour ses improvisations exceptionnelles qu’il travaille comme des incarnations du sens dans le corps, Wang a aussi une pratique d’artiste visuel. Ses dessins, composés comme des danses sur papier, font écho à son travail en danse. Comme danseur, il a travaillé avec divers artistes et chorégraphes comme Peter Chin, D.A. Hoskins, Paul-André Fortier et Heidi Strauss. En tant que chorégraphe, il travaille actuellement avec Jean Abreu à une création commune, Deciphers, et a collaboré avec Christoph Winkler, un artiste de danse-théâtre établi à Berlin, pour Can Asian Dance?, Crossing Half of China to Sleep With You, et Tale of the Dragon and Lion.

Son solo Taking Breath, programmé au MAI – Montréal, arts interculturels en février 2019, et présenté à Halifax et à Hambourg, témoignait de son intérêt pour les formes de communication intimes du corps, qu’il met à nouveau à profit dans le duo Face to Face. Pour cette création, il s’est intéressé aux nouveaux modes de communication virtuels et aux facteurs qui agissent de concert pour transmettre nos intentions, dans les plus simples échanges. Sa prochaine création, cosignée avec Claudia Chan Tak, Double Tigers, sera présentée au Festival Accès Asie. Les deux artistes interrogent leur bagage culturel chinois et sondent l’empreinte du corps chinois dans leurs mouvements.