© Vivien Gaumand

À nos forêts, à nos rêves !

Il y a une voix qui raconte. Et qui raconte encore. Peut-être pendant des heures, voire des jours. Qui sait si cette voix qui raconte se souvient, si elle rêve éveillée ou si elle imagine sur-le-champ une histoire inventée de toutes pièces. On pourrait l’interrompre, mêler son grain de sel, alimenter le feu. Mais on ne fera qu’écouter et, au prochain silence, ajouter… « et ensuite ? »

Comment écouter mieux, jusqu’au-delà des mots, les histoires tues ou oubliées, les connaissances anciennes que seuls les corps savent mettre au jour ? Les artistes de cette 17e édition du FTA racontent. Depuis les montagnes, les forêts, les villages ; depuis les lignées maternelles et la voix des ancêtres. Celles et ceux qui racontent ont onze ans ou mille ans. Leurs histoires se forment à partir des entrailles d’un ordinateur et des ruelles d’une ville, elles convoquent des esprits et des fantômes, sortent de lettres secrètes ou de photographies trouvées. Ces histoires composent les archives révolutionnaires du futur. Libérées, elles travaillent à renverser l’oubli, à retrouver nos lignées de cœur. Car sur la scène, on peut se donner naissance à nouveau.

Mais comment écouter quand nous avons mille yeux pour voir, multipliés par les œillets de nos appareils électroniques ? Quand trop d’images, trop de bruits encombrent les écrans, les murs, les villes ? L’excès fait barrage à la complexité et aux imaginaires. Le FTA n’échappe à aucune réalité, il émane même bien souvent de ce trop de réalité. Or, inlassablement nous cherchons la dimension manquante — cette énième dimension qui ouvre jusqu’au bout des récits et des mondes.

Pourquoi créer ? Avec qui ? Avec quoi ? Dans quelles conditions ? Pour la plupart des créateur·rice·s de cette programmation, venu·e·s de 21 pays et d’autant de réalités, tout compte. L’acte artistique ne se situe pas à l’extérieur des impératifs du monde, il participe à les forger, souvent hors des cadres balisés par le marché. Nous admirons leur persévérance et leur entêtement à distinguer l’art de l’idéologie, à éclairer le monde des ombres, à faire confiance aux traces inscrites profondément en nous. Leurs histoires s’adressent à nos sens, à nos pores, à nos âmes, pour combler nos déficits de réel… et de rêves.

Le rêve du FTA est hautement collectif. Il repose entre les mains d’une équipe dévouée de mordu·e·s qui n’ont de cesse de nous impressionner et d’un conseil d’administration renouvelé et inspirant. Nos partenaires, donatrices et donateurs, vaillant·e·s bénévoles complètent avec vous, chères festivalières, chers festivaliers, cette petite communauté qui donne corps chaque printemps à l’aventure du Festival.

Qu’est-ce que le théâtre ? Qu’est-ce que la danse ? Nous avons rassemblé 24 propositions et autant de réponses en acte, puissantes, troublantes et non définitives, pour peupler nos forêts mentales qui ont besoin d’être fortifiées, durablement. Que nos yeux se dessillent ! Nous vous souhaitons des hordes d’histoires et de visions grandioses. Et ensuite ? Allons danser.

Martine Dennewald et Jessie Mill
Codirectrices artistiques

 


 

© Hamza Abouelouafaa

Vivre ensemble

Nous préparons cette 17e édition animé·e·s de la conviction que nous devons sans relâche apprendre à vivre ensemble. À l’échelle de la ville ou de la planète, l’avenir ne sera meilleur que si nous choisissons d’aller à la rencontre de l’autre, pour mieux le considérer.

Ce programme vous ouvre l’accès à une sélection incomparable de spectacles de théâtre et de danse venus de l’Australie, du Brésil, de l’Irlande du Nord, du Maroc, de la Norvège ou du Zimbabwe, sans oublier les États-Unis, le Canada, et une présence forte des artistes du Québec. Ces 24 spectacles et les activités des Terrains de jeu sont la promesse d’une grande fête, d’un généreux banquet pour être en relation avec le monde. Ils appellent un élan pour la découverte et le désir de voir et d’écouter les œuvres vous raconter leurs histoires.

C’est ce rendez-vous essentiel que notre équipe élabore avec une qualité d’engagement qu’il m’importe de saluer. L’ensemble de nos partenaires, commanditaires, donateurs, donatrices et bénévoles mérite également notre sincère reconnaissance. Au nom de toutes celles et ceux qui permettent à notre métropole d’être ce magnifique pôle de la création contemporaine, je vous souhaite de vivre une riche expérience avec nous.

David Lavoie
Directeur général