Grand entretien avec Lia Rodrigues

Depuis 2004, sa compagnie développe des actions pédagogiques et culturelles au sein de la favela de Maré située au nord de Rio de Janeiro afin de lutter contre la pauvreté et l’exclusion. Le Centro de Artes da Maré (Centre des Arts de Maré) voit ainsi le jour en 2009 et deux ans plus tard, l’Escola Livre de Danças da Maré (l’École libre de Maré) accueillait sa première cohorte de citoyen·ne·s dansant·e·s.

Les pièces de Rodrigues, accueillies dans les plus grands théâtres et festivals du monde, sont toujours présentées dans le quartier populaire qui les voit naître. L’entièreté de son œuvre est ainsi traversée par des utopies de l’être-ensemble qui s’incarnent très concrètement dans son engagement social.

En 2007, le FTA accueille pour la première fois Rodrigues avec Incarnat, une œuvre peinte rouge sang qui interroge l’origine de notre engagement face à la douleur des autres. Réflexion qu’elle poursuit avec Pororoca (FTA, 2011), véritable plaidoyer en faveur de la différence et de son acceptation.

En 2021, pour renverser le sort d’une crise sanitaire et politique aiguë au Brésil, elle crée Encantado en s’entourant d’interprètes essentiellement d’origine brésilienne dont plusieurs sont diplômé·e·s de son école. Nul doute, cette visionnaire fondatrice de l’important Festival Panorama Rio Arte Dança a su influencer toute une génération d’artistes locaux comme internationaux.

En combinant l’approche des objets relationnels de Lygia Clark et son propre travail sur la neurodiversité dans le réseau public de santé mentale de Rio de Janeiro, il explore l’éthique, l’esthétique et les dimensions politiques présentes dans les pratiques de soins. Il travaille actuellement comme assistant de recherche pour le Dramaturgical Ecologies Research Group coordonné par la professeure Angelique Willkie (Université Concordia) et collabore avec l’Institut des 3 Écologies, un milieu d’apprentissage autonome dédié à l’invention d’entrecroisements nouveaux entre la philosophie, l’art, et le milieu écologique.

Originaire de Rio de Janeiro, au Brésil, elle vit maintenant à Montréal. C’est son désir d’étendre sa pratique cinématographique au-delà des restrictions qui lui étaient imposées en tant que femme noire qui est née et a grandi dans une favela qui l’a poussée à s’installer au Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts (MFA) décernée par l’Université Concordia, au Canada, et son plus récent court-métrage a été présenté aux festivals du film black de Toronto, de Halifax et d’Ottawa.

Les œuvres de Nakitta font écho à sa perception du monde. Son cinéma traduit sa vision critique des questions touchant le genre, la race et les classes sociales. Son travail, qui renvoie souvent à la culture et à la mémoire collective, explore les enjeux de l’identité et de la représentation des groupes opprimés dans les récits cinématographiques.