Le doux parfum du vide
Caviar et ortolans ne suffisent plus. Une chef de renom cuisine donc des ingrédients encore plus rares pour appâter sa clientèle branchée tandis que son amoureux tente désespérément de la reconquérir, cela sous l’oeil exercé d’une reportère avide de sensations fortes. En une suite de tableaux brefs, à l’humour féroce, Pascal Lafond signe une cruelle métaphore sur notre séduisant enfer contemporain, où des viandes consentantes marchent en souriant vers la catastrophe, où proies et prédateurs errent en solitaire dans le monde repu qui est le nôtre.
De jeunes diplômés de l’École nationale de théâtre portent ainsi un regard dénonciateur et audacieux sur la surconsommation, sur la futilité et la superficialité de notre société. Apprêtés par le metteur en scène Robert Bellefeuille, cette fable sur la banalisation de l’horreur et son exploitation spectaculaire, ce sympathique brûlot sur la voracité des rapports humains, ce plat doux-amer à l’arrière-goût acidulé deviennent une expérience sensorielle pour le moins salée. Mais attention de ne pas vous étouffer avec les os !