Unidentified Human Remains and the True Nature of Love
Le titre tient sa promesse : une farce douloureuse moitié tendresse et moitié frissons, qui nous arrive de l’Ouest portée par la controverse. Dans l’espace flottent des ilôts, lit, bar, futon, où évolue une faune bigarrée qui se cherche à coups de répondeurs téléphoniques, qui se délecte de récits macabres, qui ne s’étonne plus de rien et qui danse entre sexe, violence et vide existentiel. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un né après 1960 à qui il ne manque pas quelque chose, lance l’un des protagonistes avec désinvolture.
L’Edmonton dépeinte par Brad Fraser est presque dostoïevskienne : ruelles inquiétantes, isolement culturel, cercles étroits de personnages écorchés perdus quant à leurs désirs. Le suspense? Un psychotique en liberté tue et démembre des femmes. La quête? Réapprivoiser un sentiment amoureux que la décennie actuelle ne sait plus reconnaître. Le choc : une écriture acérée qui fait rire et fait peur, qui manie les traits d’esprit du même mouvement qu’elle plonge avec lucidité au coeur même de la tragédie.
Texte: Brad Fraser Mise en scène: Jim Millan