L’envers de l’Éden
S’attaquant avec hardiesse au mythe de James Dean sur une scène presque nue évoquant un plateau de cinéma, le chorégraphe new-yorkais Miguel Gutierrez met à mal l’image d’une Amérique toute-puissante et bien-pensante. Catapultés tour à tour dans l’espace vide des illusions perdues et sur le grand écran blanc des rêves à formuler, les personnages de La fureur de vivre, d’À l’est d’Éden et de géant révèlent leurs failles et leurs contradictions. Sensualité, ambivalence sexuelle, désir contrarié et jeux de pouvoirs animent ce trio détonant.

Œuvre hybride à l’esthétique queer, Last Meadow brouille les pistes à mesure qu’elle les trace par un habile travail de déconstruction et de déformation. Époques, genres, textes et musiques s’y superposent et s’y mélangent. Les corps s’y démènent jusqu’à l’épuisement. Et le spectateur n’a d’autre choix que de se laisser happer par ce tourbillon de propositions insolites. Inclassable et palpitant.

Miguel Gutierrez and The Powerful People
Installé à Brooklyn depuis 2001, le chorégraphe alterne projets solos, performances et œuvres collectives, rassemblant autour de lui une cinquantaine de danseurs, musiciens et artistes visuels. Leur style, toujours explosif, mélange les genres et déjoue les conventions. Les évènements freedomofinformation (24 heures de performances non-stop, les yeux bandés et les oreilles bouchées, en signe de protestation politique) sont un exemple frappant de leur engagement et de leur intensité. Des pièces comme I succumb ou des performances commemyendlesslove et Retrospective Exhibitionnist témoignent d’un questionnement identitaire récurrent qui va jusqu’à mettre l’identité nationale sur la sellette dans Last Meadow, une œuvre déjà couronnée de deux prix Bessie.

Last Meadow

MIGUEL GUTTIEREZ

Horaire des représentations2011

Voir les crédits+