Témoignages des spectateurs du FTA
Récoltés à l’occasion des 35 ans du Festival
Puisque nous n’avons pas eu la joie de nous réunir autour de la parole ou des corps des artistes au FTA 2020, nous avons invité le public du Festival à nous livrer leur expérience la plus marquante vécue au FTA depuis sa création en 1985 : le premier spectacle, le choc d’une œuvre hors du commun, la découverte d’un artiste, un instant inoubliable, etc.
À travers leurs souvenirs, leurs mots et leur regard unique de spectateur ou de spectatrice, la puissance incomparable des arts vivants et le FTA reprennent vie.
Le projet d’un festival international de théâtre est né au sein de l’Association québécoise du jeune théâtre (AQJT) alors dirigée par Jean Fleury. Jacques Vézina a succédé à Jean Fleury, accompagné de Claude Couillard et moi. Puis Marie-Hélène Falcon a pris la relève.
Quand Marie-Hélène a quitté l’AQJT, elle a emporté dans ses dossiers cette idée de festival. Elle en a approfondi et élargi la réflexion. Nous y travaillions ensemble à cette époque. Jacques Vézina s’est ensuite joint à nous.
J’ai le souvenir de trois voyages avec Marie-Hélène. Deux à New York où nous étions allées voir, entre autres, le Squat Theatre, un spectacle d’avant-garde qui nous avait séduites. Puis à Cuba, nous avions essayé de voir du théâtre cubain… Nous avions finalement vu le Ballet national de Cuba avec Alicia Alonzo en danseuse étoile, un très beau spectacle en plein air…
Premiers balbutiements du futur FTA.
Puis, nous avons incorporé le Festival de théâtre des Amériques. Naissance officielle du FTA !
Jacques Vézina a été le premier directeur administratif du FTA. De mon côté, j’avais accepté la direction administrative du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.
Je veux ici saluer l’immense talent de Marie-Hélène qui, à partir d’une simple idée, a su mettre sur pied un grand festival reconnu internationalement. Sa vision toujours tournée vers l’avenir, vers le futur nous a permis de voir une quantité incroyable de magnifiques spectacles de toutes les tendances, de toutes les formes. Sa grande sensibilité l’a amenée à inviter des compagnies qui nous secouaient, qui reflétaient des préoccupations partagées à travers le monde. Elle a permis au milieu théâtral, puis aussi de la danse, d’ouvrir ses horizons, de s’enrichir, de rayonner.
Le FTA, en mai, a été pour moi, depuis 35 ans, un rendez-vous incontournable. J’ai toujours répondu présente et, à chacune des éditions, il y avait au moins un spectacle marquant ! Pas besoin de vous dire à quel point j’y suis attachée.
Longue vie au FTA !
Le moment qui m’a le plus marqué au FTA a eu lieu le 6 juin 1987, au Hangar No 9 du Vieux-Port de Montréal, au spectacle de Robert Lepage et du Théâtre Repère, La trilogie des dragons en version intégrale de 6 heures.
C’est exactement au moment où la porte monumentale du Hangar No 9, qui donnait sur le fleuve, s’est lentement ouverte, de bas en haut, laissant sortir le personnage de Crawford qui s’avançait vers l’eau entre des barils enflammés. À cet instant précis est passé dans le fleuve, de côté cour à côté jardin, un voilier aux couleurs de la Trilogie (rouge, vert et blanc). Tous les spectateurs se sont alors levés d’un bond, applaudissant à tout rompre (alors que la pièce n’était pas terminée…) ! Nous avons tous trouvé incroyable la synchronisation entre le jeu de l’acteur, la levée de la porte du hangar et le passage lent de ce qui apparaissait comme une jonque chinoise aux couleurs du spectacle.
Nous étions persuadés que cette image constituait un véritable tour de force ! Il faut rappeler que les téléphones cellulaires n’existaient pas encore à l’époque…
Mais ce dont personne dans le public ne se doutait ce soir-là, et que nous allions apprendre seulement le lendemain matin, c’est que le passage de ce bateau à ce moment précis était en fait un hasard ! Et le premier surpris de ce hasard fut Robert Lepage lui-même. Une des comédiennes du spectacle (une des trois Marie… Gignac, Michaud ou Brassard) a dit qu’elles avaient bien vu ce bateau dans le port pendant les répétitions, mais qu’elles ne savaient pas à qui il appartenait, et ne pouvaient imaginer qu’il passerait devant le public à cet instant précis !
On retrouve l’évocation de cette scène, et du spectacle entier, sous la plume de Diane Pavlovic, dans JEU 45 (voir en particulier p. 72). On peut lire ce numéro en libre accès en PDF
Ce moment magique fut vraiment inoubliable ! À lui seul, il dit éloquemment pourquoi le théâtre existe…
Tellement de bons moments durant toutes ces années mais ce qui me revient aussitôt c’est La trilogie des dragons dans un entrepôt du Vieux-Port par un beau samedi après-midi. Non seulement cette pièce était fabuleuse mais il y a eu un moment magique : une porte s’ouvrait sur le fleuve et au même moment, une espèce de jonque passait sur le fleuve ensoleillé. Mon conjoint et moi nous en souviendrons toujours.
It would be the discovery of M. Lepage through La trilogie des dragons in 1987. Have tried to see everything he has done since, here, US and UK. Our own genius. A sense of play, space, and meaning that run throughout his work.
My FTA moment happened in the early years of the FTA in the 80s.
I was at the University of Toronto and we took a trip to Montreal to see some cutting edge theatre at the FTA. It did not disappoint. Rachel Rosenthal and The Wooster Group were touchstones for how to create and what was possible in performance for me. Before cool, before influencers, before Instagram, before followers, before, before, before… These artists showed that being underground and being experimental was more than okay and this changed the course of my life.
Le premier spectacle auquel j’ai assisté fut L’annonce faite à Marie le mardi 23 mars 1989 dans la Chapelle du Grand séminaire.
Ce fut un spectacle mémorable. C’était ma première expérience au FTA et aussi ma première sortie avec celle avec qui j’ai suivi les activités du FTA depuis 30 ans.
Il faisait un temps magnifique et nous sommes revenus à Notre-Dame-de-Grâce à pied.
J’ai le souvenir d’une mise en scène audacieuse d’Alice Ronfard et des performances inoubliables du tandem mère et fille de Françoise et Sophie Faucher.
Nous sommes désolés de l’annulation du festival.
JE ME SOUVIENS ! M’EN RECORDO ¡
Je me souviens très bien de mon premier FTA ! 1987, La Fura dels Baus, Suz o Suz. Première fois que nous allons jouer au Québec, premier festival international en dehors de l’Europe. J’avais 26 ans.
Je me souviens que c’était pendant le FTA que j’ai décidé que je quitterai Barcelona pour déménager à Montréal, un coup de foudre !
Je me souviens du programme artistique, il y avait des noms que nous ne connaissions pas et nous n’avions pas beaucoup de temps pour aller les voir.
Je me souviens que nous avons eu des problèmes avec le cahier ATA ! Quel stress, mais à la fin tout était ok.
Je me souviens d’une grande réaction du public.
Je me souviens que tous nous avions décidé de rester trois jours pour connaître mieux la ville sans travailler.
Je me souviens d’une grosse fête chez quelqu’un. Une fois que je suis venue à Montréal j’ai connu Monique Savoie de la SAT et c’était chez elle, cette fête !
Le FTA est un festival de référence pour moi et je viens chaque fois que je peux. J’ai habité à Montréal pendant deux mois, j’ai collaboré avec des artistes de Montréal, j’ai de très bons amis de Montréal, Québec et actuellement je collabore avec DLD – Daniel Léveillé Danse, tout cela grâce au FTA qui a été la porte d’entrée pour moi. Pendant ces mois de confinement j’ai révisé ma bibliothèque et curieusement j’ai encore le programme du FTA 1987 et ceux d’autres éditions.
Le FTA est chez moi !
El FTA està a casa meva ¡
Nous sommes trois professeurs de littérature et de théâtre au Collège de L’Abitibi-Témiscamingue, en retraite maintenant, et nous avions pris l’habitude d’aller au Festival de théâtre des Amériques depuis ses débuts et presqu’à chaque année.
Beaucoup de spectacles nous ont marqués et nous ont laissé un souvenir indélébile.
Après avoir fait le tour de nos souvenirs, c’est définitivement Suz O Suz de La Fura dels Baus qui nous a le plus impressionnés et qui est resté dans nos mémoires pendant toutes ces années ! Bien sûr, les Lepage, les Mnouchkine, Terra promessa, La classe morte de Tadeusz Kantor, tous les Hamlet, les spectacles du Brésil, de l’Argentine, un spectacle de guérilla d’Amérique centrale, une chorégraphie de Louise Lecavalier, sans oublier Soifs, font partie de nos préférés.
Nous ne pourrons malheureusement assister à l’édition 2020 et nous espérons bien que les arts vivants vont revenir sur scène !
Merci d’être là et de continuer à diffuser le théâtre d’exception.
Et, on va se le dire, à la prochaine!
Je suis une inconditionnelle du FTA depuis ses débuts. Plusieurs propositions m’ont bouleversée, charmée, dérangée mais le souvenir le plus prégnant demeure Suz O Suz de la Fura dels Baus.
Au souvenir de cette performance, je revis avec autant d’acuité la peur qui m’a envahie lorsqu’un interprète s’est approché de moi avec sa scie à chaine (sans la scie). J’ai cru un instant que j’allais perdre un membre avant de réaliser que c’était le bruit du moteur qui m’avait fait imaginer le reste…
Puis, en tournant mon regard de côté, j’ai vu Jean-Pierre Ronfard avec un immense sourire qui lui fendait le visage. J’ai décidé à cet instant de suivre Jean-Pierre dans sa déambulation et j’ai vraiment ressenti le plaisir du « jeu » comme jamais auparavant.
Bien des années avant tant d’autres qui ont exploré le concept, La Fura dels Baus immergeait un interprète dans un immense cube de verre qui respirait à l’aide d’un détenteur de plongée sous-marine. Tout allait très vite et les images étaient très fortes, tout comme les émotions.
Bravo au FTA pour ces 35 ans de découvertes. Je serai de retour au rendez-vous l’an prochain c’est certain.
Un de mes grands moments au FTA fut de voir La classe morte de Tadeusz Kantor. Un spectacle extraordinaire, au-delà même de ce que j’avais lu avant sur cette pièce. En plus, le lieu où nous l’avons vu était étrange, si je me souviens bien, c’était dans des écuries à l’est du Vieux-Montréal, qui avaient été transformées en salle de spectacle. Éblouissant !
Mais il n’y a pas que ça, il y a aussi toutes les pièces de Romeo Castellucci, à chaque fois des coups de poing ! Il y a aussi eu un spectacle brésilien dont je ne me rappelle plus le titre, c’était au tout début du Festival, j’en garde encore un souvenir ému.
Merci pour tout ça et j’espère de tout cœur que ce que nous vivons en ce moment ne remettra pas en cause l’avenir du Festival.
L’événement le plus marquant pour moi a été La classe morte de Tadeusz Kantor. J’ai un souvenir très vif de l’émotion intense et intime qui m’a envahie lors de cette représentation. Et elle resurgit des années plus tard. Les images, la musique, la place où j’étais assise. Bouleversant.
J’ai très hâte de vivre de nouvelles rencontres en » chair et en os ». Ce rendez-vous me manque terriblement.
Choisir un seul spectacle !
Ouf, impossible! Je fréquente ce joyau de Festival depuis si longtemps…
Ok ok ok,
Un spectacle en théâtre et puis un autre en danse ? Est-ce permis ?
1992 Théâtre
Les Atrides montée par Ariane Mnouchkine à l’aréna Maurice-Richard – aucun patin mais Dieu ! Ça ne m’a vraiment pas laissé de glace !
Fracassant !
Un voyage hellénique pour l’âme, un pan dramaturgique si rarement monté, hallucinant de tant de savoir incarné. Une splendeur!
J’écris ceci et je pense : Aïe, let’s go restructurons cet aréna à la Épidaure !
Il n’y aura pas de problème pour la distanciation.
2007 Danse
Brava Maguy Marin et son Umwelt colossal !
Plein la vue ! Plein les oreilles !
Oh ! Des corps illuminés par en dedans qui te font spiraler par en haut, par en bas ! Vertigineux.
Bouche la bée, je fus !
Environ une trentaine d’années, déjà ? Une troupe chilienne coincée à l’aéroport de Dorval. Son spectacle en salle d’un certain vendredi soir de mai ou juin est reporté. À l’extérieur ! Le lendemain. Des gradins au milieu du Parc Lafontaine. Il fait humide. On entend les feuilles bouger dans les arbres centenaires. Quelques musiciens avec d’énorme conches sont là sur l’herbe. Leurs bruits lugubres nous atteignent en plein cœur. Entrent Rimbaud et sa suite. Que des tableaux, si intenses. Je n’oublierai jamais une danse africaine déchaînée. Et la scène finale glaçante. Rimbaud, extraordinaire Mauricio Celedón, en smoking blanc immaculé, cheveux recouverts d’une pommade argent. Sa crise de démence en crescendo. À mes yeux, il devient un troublant Pinochet. Il est criant de réalité. La folie à l’état pur culmine en un jet incroyable de sang noir qu’il crache démentiellement.
Scotchée sur ma planche en bois, je suis médusée. On l’est tous. Je n’ai pas lâché la main de ma petite sœur depuis les premiers échos des musiciens. Les applaudissements s’achèvent. J’ai du mal à quitter ce lieu de tant de frissons. À pied, on a traversé tout le parc, sans un mot, mais toujours main dans la main.
I used to live in Toronto and in 1997 I had just lived there a couple of years and was curious of this festival in Montreal. I had never seen a show at the festival and only visited Montreal a couple of times.
As I approached the theatre on Saint-Laurent I see a gorgeous horse standing in the loading dock area. While I had a description of the piece I really didn’t know much about this company, their work or experimental theatre. I went alone and was sitting almost exactly in the middle of the audience.
What transpired is something I still talk about to this day. An almost entirely wordless performance that took my breath away and obliterated what I knew as possible. Time was slowed, machines were characters, something I had seen in dreams and nightmares unfolded. A greek classic was torn apart but also beautifully rendered, brought new life by horses, monkeys, and an astounding cast of performers. I had never seen performers like this in my entire life, not pretty actors but those we often ignore or only have sympathy for.
I was left gutted, inspired, shown a new way, witnessed the vision of Artaud that I didn’t think could happen. The audience cheered loudly AND booed loudly, I thought a fight was almost going to break out. I began to cry, this what I always wanted from theatre and it was shaking me deeply.
Nous sommes en 1997, j’ai 22 ans et je sors de l’école de théâtre. J’y ai appris les bases d’un métier de manière inspirée mais relativement conventionnelle. Un soir, on m’invite à voir Periodo Villa Villa de la compagnie argentine De La Guarda. Nous sommes sous une immense toile blanche, dans une Usine C vidée de ses sièges. Et ça commence : on lance des figurines sur la toile, de l’eau, on la transperce pour attraper de (faux) spectateurs et finalement on retire la toile. Des acteurs-acrobates courent partout, la musique est forte, l’émotion est brute, intense.
Je venais de découvrir qu’il y avait d’autres manières de faire du théâtre. Je me suis achetée un billet et j’y suis retournée le lendemain.
Un certain soir de juin à l’Usine C
Il fait déjà chaud à Montréal.
Le public s’entasse fébrilement dans un petit espace cubique noir, il ne faut pas être claustrophobe. Le plafond est blanc, un papier très fin comme du papier de soie… C’est la seule lumière visible, un peu de vie, au-dessus de nos têtes. L’air est rare, c’est sombre et très excitant, on est tassé comme des moutons, le temps passe.
On commence à entendre de légers martèlements, comme de la grêle sur le plafond. De petits objets en plastique coloré tombent comme une pluie fine… billes… avions… hélicoptères… difficiles de discerner leurs formes exactes. Puis tout à coup, une partie du plafond de papier se déchire avec fracas, percé par un acteur-acrobate descendu du ciel en harnais-bungee, à ma gauche un hurlement se fait entendre; une femme du public est happée par lui. Il l’enlace dans ses bras, elle se débat et hurle, mais la spectatrice est emportée et disparait avec son ravisseur par la fissure du plafond.
On a à peine eu le temps de voir ce qui arrivait que : plus rien, un silence et tout le public retient son souffle. Tout à coup, tout le plafond est arraché violemment, des ballons et des confettis tombent du ciel, un vent fort tourbillonne, les cloisons tombent. On respire enfin. On découvre l’espace de l’Usine C, il est rempli de danseurs-performeurs-musiciens tout autour de nous, plusieurs sont accrochés par des sangles aériennes aux parois des murs, aux pipes métalliques des balustrades, aux passerelles. Leurs yeux rivés sur nous. Leur corps prêt à bondir. Prêts à voler au-dessus de nos têtes, à ramper à nos pieds, prêts à manger tout l’espace. Nous sommes au centre de l’espace théâtral, debout, et déjà fascinés.
Le jeu commence. Ils sont athlétiques et libres, et nous entrainent dans leur extase artistique, une danse chaude et explosive. La musique est forte, hypnotique, une poésie incandescente nous pète au visage. De la fumée nous enlace, ils sont partout à la fois. Ils courent sur les murs. Pas assez d’yeux pour tout voir. Tout ressentir. Nous sommes éblouis, étourdis, nous sommes tous soudainement en amour. Électrisés.
De l’eau gicle de partout, on est tous détrempés, eux, et nous.
Certains spectateurs se font littéralement lever de terre et « frencher » avec passion par ces Dieux et Déesses de la performance physique. On est éclaboussés d’eau, de sueur, de salive : de vie quoi. Un spectacle sensuel, épidermique. On en ressort énergisé, on flotte. Une joie de vivre est gravée dans le visage des spectateurs.
En pleine pandémie 2020. Ça m’est revenu en force. Moi j’aurai vu ça : une communion si grande, totale entre public et performeurs. Entre nos corps, nos sens, nos âmes. Ce ne sera pas demain la prochaine fois qu’un spectacle comme cela existera…
Merci FTA. Durant toutes ces années, tu m’as fait rêver tellement FORT cher FTA.
Je m’ennuie de toi, beaucoup. Je serai là, après tout ça… Avec mon cœur tout grand ouvert, prête à tout avaler, j’aurai tellement faim de toi.
P.S. Coup de théâtre : Bien sûr, la spectatrice volatilisée faisait partie du spectacle… Mais je ne suis pas encore revenue du choc initial de sa disparition, au-dessus de nos têtes… Ça, c’était un bon coup de théâtre !
Ma première rencontre avec le Festival de théâtre des Amériques date de 1999. Quatre acteurs australiens sont alors confinés pendant quinze jours dans les vitrines du magasin La Baie à Montréal, recréant en plein centre-ville un étrange lien entre l’art et la vie. Telle une expérience de télé-réalité, les acteurs cohabitent dans ce décor étriqué aux couleurs vives. Ainsi exposés au vu et au su des passants, ils vaquent à leurs occupations quotidiennes : on les observe cuisiner, manger, téléphoner, écrire, danser, s’ennuyer, s’occuper, bref vivre.
Usant tels des bonimenteurs d’une panoplie d’objets ménagers en vente dans le magasin, ils paradent, enfilant des vêtements devant un miroir tout en interrogeant l’œil amusé des voyeurs attroupés devant la vitrine pour choisir la chemise adéquate. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le passant peut suivre les péripéties de ces performeurs, jusque dans leur sommeil, soit sur place, soit par l’intermédiaire d’une webcam (ils communiquent avec le monde extérieur grâce à un télécopieur et à Internet). Exhibés comme des animaux en cage, ils miment les spectateurs à travers la vitre et se livrent à des pantomimes diverses. Au sein de cette cellule vitrée, cette microsociété invite le public à célébrer un anniversaire, organiser une course poursuite dans l’exiguïté de l’espace ou encore entamer une chorégraphie qui se déplace sur toute la longueur des vitrines.
Ce « spectacle » marathon confronte les interprètes aux limites de leur art : peut-on être en représentation permanente ? Quand cesse la représentation ? Où sont les limites ? S’exhibant dans une pseudo vie privée, parodiant ainsi les menus gestes quotidiens de tout un chacun, mais abandonnant et sacrifiant, pour un temps, la leur, la « vraie », au profit d’une expérience performative radicale qui implique de demeurer constamment dans la sphère du jeu et de la représentation. Cet événement m’a marquée. Cinq ans plus tard, je croisais, par un hasard similaire, la gang de La 2e Porte à Gauche qui occupait pendant une semaine les vitrines du magasin Simons…
Un parangon de vertus
J’ai hésité beaucoup avant de vous écrire.
Ariane Mnouchkine ou Alain Platel ?
Anne Teresa De Keersmaeker ?
Wajdi Mouawad ou Dave St-Pierre ?
Une mise en scène (Michael Thalheimer) ou une performance (Louise Lecavalier) ?
Une compagnie (Ubu) ou une singularité ?
Un texte (Lars Noren) ou une chorégraphie (Daniel Léveillé) ?
Ce qui a marqué ou ce qui m’a le plus touchée ?
Ce qui m’a dérangée ? émerveillée ? réjouie ?… quel plus du plus ?
Le théâtre ou la danse ? La danse-théâtre ? L’engagement ? L’ici ou l’ailleurs, improbable et exceptionnel ?
Le basculement de la programmation d’un FTA théâtre vers un ‘FDA’ danse, en 2008/2009, événement culturel, selon moi, hautement significatif des années 2000 ?
À bien y penser, si tout cela est vrai et indissociable dans ma mémoire, lié à ma longue fréquentation de la scène montréalaise, à mon amour de tous ces artisans du spectacle vivant, à ce que je suis, une spectatrice et une plume au langage à sensations, ni plus ni moins engagée dans les centaines de pages que j’ai consacrées aux artistes, j’ai tranché : Alain Platel, Iets op Bach.
C de la B, c’est l’emblématique compagnie de la danse flamande, un lieu tournant de créateurs audacieux, en danse, en théâtre, en musique, en texte et performance, qui a mixé les arts les contemporains, la recherche, les identités, les esthétiques et les corps. Iets op Bach (1999), c’est l’art baroque allemand, réputé classique, allié avec l’explosion des identités de genre, les LGBTQIA solidaires dans la mondialisation — les nommait déjà ainsi à cette époque ? — et leurs bribes d’histoires singulières.
La scène du Monument National fut révolutionnée, même si ce terme décrit d’autres événements tourneboulants qui ont eu lieu entre ces murs. Le quatrième mur fut absolument fracassé par la débauche ludique, les couleurs criardes, les cris époustouflés, les récits fragmentés, la musique et ses silences dramatiques. Des personnalités d’acteurs, danseuses, renversez les genres, et de non-danseurs, renversez les rôles, entrèrent ce soir-là dans nos vies. Un baume, un puissant antidote et un venin.
De tout ce que j’ai vu au FTA, c’est bien ce spectacle, d’il y a 21 ans, qui a eu la vie la plus longue. Non seulement est-il revenu, avec Gardenia (2011) et tauberbach (2015), mais non, nous les avions connues, ces personnalités éclatées, si contemporaines et si éternelles, travesties ou naturelles, nues ou sophistiquées, parées ou grimées à l’excès de leur vie furieuse. C’était le premier qui comptait, Iets op Bach.
Toute la danse flamande, belge, allemande et d’autres ramifications improbables en France, en Andalousie, en Afrique et dans les Amériques, voyons large, voyons clair, s’est nourrie dans ce que C de la B performa avec une sincérité désarmante, nous arrachant au confort inexistant mais figuré des fauteuils rouges. Je ne peux pas voir les scènes trash de Dave St-Pierre, si critiqué pour La Pornographie des âmes (2005), sans prendre son parti, parce que telle image mémorisée de Platel m’est restée en contrechamp. Je ne peux pas penser à des revendications de nations, de peuples décimés, d’individus violentés, d’âmes déchirées, sans avoir entrevu les mélanges aux substances immiscibles frayer leur chemin dans Iets op Bach.
Pour moi, ce fut un momentum au FTA. Le recul du temps me fait l’effet de Bach, qu’on peut écouter sans être croyant. On n’en peut pas tout recevoir. L’effet de réel perçait pourtant la scène. Je n’en sortis pas choquée, mais marquée par le signe d’une justesse et d’une adéquation indicibles. Quelque chose de moi est resté sans voix, mais pas sans langage. Un ordre possible dans le désordre du monde, peut-être, une aisance simple à s’y mouvoir. Grâce à ce spectacle, on peut parler d’un paradigme Platel. Oui, Iets op Bach, d’Alain Platel, j’ai aimé ça.
Mes souvenirs du FTA sont nombreux et disparates. De plonger dans vos archives pour ressortir mon histoire personnelle avec le FTA fut un beau moment. La mémoire trahit cet art si beau qu’est le spectacle vivant. Je vous parlerai donc de seulement 3 spectacles que j’ai vu avec certitude au FTA et qui m’ont marqué.
Tambours sur la digue fût un moment de théâtre extraordinaire. Sans laser et projection, mais à grand déploiement. Comme une messe de théâtre, divertissante, intense et pure à la foi. Ma première et seule visite à l’aréna de Verdun, mais quel moment !
Tragédies romaines et Kings of War sont parmi les plus grands moments de théâtre auxquels j’ai assisté. Applaudir avec la foule le monologue d’Antoine lors des obsèques de César reste un moment unique. Comment un monologue en néerlandais surtitré peut-il générer des applaudissements spontanés au milieu de 7 h de théâtre ? Il y avait un vrai moment de magie, de vérité puissante ce soir-là.
Kings of War avait réussi ouvrir mon esprit sur le pouvoir. Un spectacle puissant, limpide, ouvrant une fenêtre sur l’âme des puissants. Ma compréhension du monde et de Shakespeare s’est enrichie ce soir-là.
Merci au FTA pour ces grands moments et les autres. Nous serons ensemble à revivre la magie bientôt ou plus tard.
J’ai plusieurs souvenirs, bien sûr, parce que je participe à chaque année, mais celui qui m’est venu en tête est le premier spectacle de Dave St-Pierre que j’ai vu, Un peu de tendresse bordel de merde. C’était en 2007 (une belle année !).
Je me souviens de feuilleter le programme papier dans mon petit appartement, et de prendre un « guess » sur ce show en me basant sur sa description et sa photo. Je me souviens avoir pleuré, avoir été touchée.
Définitivement un des moments qui m’a donné la piqûre pour la danse contemporaine.
Mon meilleur moment FTA ?
Toutes les œuvres de Julie-Andrée T. ! J’ai beaucoup apprécié pouvoir suivre son évolution à travers les différentes éditions du FTA. Ses projets m’ont toujours bouleversée, que ce soit un solo ou une œuvre de groupe. D’ailleurs, sa créativité et son pouvoir d’évocation manquent cruellement à la scène québécoise. Vivement son retour !
Vraiment inoubliable. Je ne me souviens pas du titre de la performance, mais c’était une marche sonore dans la ville avec les yeux bandés et un guide. On a visité plusieurs lieux. J’avais offert un billet à ma blonde et elle avait trippé autant que moi. C’était une expérience unique de la ville, au carrefour de la danse et de la simple déambulation.
Merci FTA !
La découverte du danseur Israel Galván dans El final de este estado de cosas, redux a été un des moments les plus marquants que j’ai vécu au FTA.
Lorsqu’il a commencé à danser sur cette plateforme de bois noir en déclenchant un véritable tremblement de terre, j’étais hypnotisée par tant de passion, de puissance, de fureur.
Ce souvenir ne m’a jamais quittée.
J’ai hâte de retrouver le festival.
C’était en 2013 pour la 1re de So Blue de Louise Lecavalier au Théâtre Maisonneuve (si mes souvenirs sont bons). Je me souviens particulièrement de ce moment, je vivais à Montréal depuis bientôt 4 ans. J’avais beaucoup entendu parler de Louise Lecavalier, l’égérie de La La Human Steps, mais je n’avais encore jamais eu l’opportunité de la voir sur scène.
Je ne connaissais donc à l’époque pas bien son œuvre, bien que j’étais déjà passionnée de danse depuis de nombreuses années.
Je me souviens particulièrement le choc émotionnel que j’ai ressenti dans les deux premières minutes du spectacle. Une claque, un tourbillon m’emportait, j’en avais le souffle coupé et le cœur suspendu.
J’étais assise au 4e balcon, deuxième ou troisième rang en arrière… autant dire loin de la scène quand on connaît le Théâtre Maisonneuve (très loin de la scène pour un spectacle de danse ! Moi qui suis habituée des 5 premiers rangs). Je me souviens d’avoir ressenti jusque tout en haut du théâtre cette aura incroyable, ce magnétisme, un charisme époustouflant. Je percevais toute son énergie.
Ce petit bout de femme, toute menue, la cinquantaine passée, avait réussi en seulement quelques secondes à faire palpiter mon cœur, à me plonger dans un tourbillon émotionnel et me procurer des sensations absolument viscérales. Je me souviens avoir pensé très fort dans ma tête : « c’est impossible qu’elle tienne 1h30 à ce rythme-là… elle va « claquer » (pardonnez-moi l’expression, pas très jolie. NDLA : une expression argotique qui signifie « mourir » mais dans un langage très familier). Et pourtant si… elle seule, puis accompagnée de Fred, ont tenu plus d’une heure à ce rythme. Alternant entre l’intensité, la virtuosité et la douceur.
Depuis, j’ai dû revoir ce spectacle une bonne dizaine de fois. Et, croyez-moi, je voudrais le revoir encore ! À ce jour, So Blue reste une des quatre œuvres majeures qui ont bouleversées ma vie de spectatrice et d’une certaine manièr, changé le cours de mon existence.
Merci donc aux équipes du FTA de permettre un bouleversement émotionnel dans nos vies, au travers de programmation si riche chaque année.
C’était So Blue en 2013 je crois et elle dansait en duo et en solo sur une musique électronique envoûtante.
Sa présence est électrisante: je suis sorti de la salle plein d’énergie 🙂
J’ai malheureusement raté sa prestation en 2016, Mille batailles.
J’avais hâte de la voir cette année (mes places déjà en poche). La COVID est passée par là. Dommage, mais ce n’est que partie remise.
Dans ma vie, deux événements marquaient l’arrivée de la belle saison: L’ouverture de la saison de pêche au doré en Abitibi et le FTA… Et c’était toujours un dilemme de savoir lequel prioriser…
Mais lors des années 2012 et 2016, la décision fut facile à prendre car je participais aux présentations publiques: Avec Jérôme Bell, qui dirigeait Gala en 2016, où j’ai dansé avec un éventail de personnes d’âges et d’origines différentes (tous des amateurs) et en 2012, où je fus « accrochée » sur une chaise, installée au mur d’un bar de la rue Saint-Denis, à 20 pieds dans les airs, et où je mangeais du homard. Nous étions une dizaine de participants accrochés ici et là sur les murs des édifices.
La surprise des passants était variée, mais la plus intéressante fut celle d’un enfant qui, en me voyant s’est écrié : « Mais, qu’essse-tu fais là madame ? »
J’ai plein de souvenirs venant des spectacles programmés, et ce sera un grand vide cette année de ne pas voir passer le train du FTA.
Un souvenir marquant du FTA.Fidèle abonné du FTA depuis plusieurs années, j’y ai vu un bon nombre de spectacles dont plusieurs ont fait l’objet d’expériences marquantes, aussi bien en danse qu’en théâtre.
En fermant les yeux j’ai laissé émerger les souvenirs pour mon plus grand plaisir. De nombreux spectacles, des Atrides (Mnouchkine) à La Argentina (Ono), sont encore très vivants et actifs dans ma mémoire. Il m’arrive même de confondre des spectacles du FIND avec des spectacles du FTA tant ces deux festivals ont eu une importance sans nom dans mon développement d’artiste, d’homme et de spectateur.
En laissant émerger les images et les impressions les plus vives, c’est le spectacle Antoine et Cléopâtre de Tiago Rodrigues (Lisbonne), avec les fabuleux interprètes Sofia Dias et Victor Roriz, qui s’impose.
J’ai vu ce spectacle en 2017. Trois ans plus tard ce spectacle me parle toujours, il m’interpelle, me questionne et me donne envie de chercher une manière singulière de travailler le texte et le corps.
J’ai admiré la finesse de la proposition, l’intelligence du texte et de sa mise en corps et en scène. Une proposition unique qui nous habite encore longtemps une fois le rideau tombé. Du grand art. Je connaissais l’histoire et les personnages et pourtant Rodrigues est arrivé à me mystifier entièrement avec une version très personnelle du célèbre couple, j’ai été absorbé par chaque mot, par chaque geste. Rodrigues a réussi à suspendre le temps et à me faire « inspirer et expirer » avec les protagonistes. Rare. La fusion de l’intelligence du texte et de l’intelligence des corps m’a subjugué. C’est ce que j’ai vu de plus abouti dans le rapprochement de deux formes d’expression, le théâtre et la danse.
Ce spectacle continue de m’habiter et il contribue surtout à alimenter ma recherche actuelle qui porte sur la mise en corps d’un texte.
On ne sait jamais quel rôle ou quel effet les spectacles peuvent avoir sur nous, d’où l’importance d’en voir le plus possible. Le spectacle vivant est irremplaçable et le corps à corps de l’interprète et du spectateur est un vecteur de vie capital.
Merci au FTA pour ces 35 années de prise de risque et de propositions qui nous font tous immensément progresser.
Mon Moment FTA qui m’aura marqué le plus aura été le show de Catherine Gaudet L’affadissement du merveilleux en 2019.
Un moment de pure beauté, j’étais littéralement gelée dans mon siège dès que la musique s’est faite entendre et que les danseurs sont arrivés sur scène.
Le FTA cette année va vraiment nous manquer.
Merci encore pour tout le beau travail qui a été accompli.
Je fréquente le FTA depuis plus de 20 ans. Mon souvenir le plus mémorable par contre n’a rien à voir avec un show, mais plutôt avec qui je suis allé voir un show durant la saison 2019.
L’été passé, alors que les journées devenaient de plus en plus longues, je commençais tout juste à me remettre d’une peine d’amour de six mois. Sans le savoir, lui et moi avions tous les deux booké des forfaits. On s’est revu. De manière inattendue, on s’est retrouvé un soir à danser au Quartier général du FTA après une représentation d’Innerversion sur la place des Festivals.
Et quelques soirs après, nous sommes timidement allés prendre des cocktails dans un bar sur Saint-Laurent, après This time will be different. C’est là qu’on s’est frenché pour la première fois en six mois. Électrique.
Nous sommes maintenant en confinement, à vivre ensemble ce quotidien étrange, en partie grâce au FTA. Merci !
J’ai eu bien entendu plusieurs excellents moments mais celui qui m’a vraiment émerveillée, sans hésitation, c’est la pièce Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad. Tout ce talent réuni…
J’espère tellement que cette pièce repassera par Montréal, j’y emmènerais tous mes amis !
Tout m’a véritablement épatée. L’aspect choral de la pièce, son très riche scénario, quelle histoire ! Les comédiens, plus que solides, certains parlant trois langues dans la même pièce, tous très habités. J’ai aimé la longueur de la pièce, j’en aurais pris plus, j’adore les pièces fleuves.
Vivement que le théâtre revienne pour nous ébranler et nous émouvoir.
Un moment, avez-vous suggéré… Pas un, DES moments. Choix impossible, tant les rencontres et les découvertes se bousculent, se renvoient l’une l’autre. Véritable rhizome qui court des Maîtres Anciens aux Platel, de Pessoa à La chambre d’Isabella, de l’imprononçable Eraritjaritjaka à Pourama Pourama, de l’audacieux Umwelt au dernier Cunningham, et encore, et encore… Le cabossé Raimund Hogue et les ailes déployées de Ornella Balestra, le culot du dernier Meg Stuart, Dana Michel dans son monde hétéroclite, l’émergence de l’esthétique queer.
Le tout se confondant parfois dans ma mémoire qui recompose des spectacles qui n’ont pas eu lieu. Véritable manteau d’Arlequin qui m’a nourrie, épatée, troublée, divertie, violentée, attendrie, et appris sur le monde et l’humain. Si la danse est ma patrie, je dois reconnaître que ce sont surtout les œuvres théâtrales qui m’ont le plus marquée. J’y ai ressenti des émotions vives, vécu nombre de stimulations de tous ordres, intellectuelles, esthétiques.
Certaines m’ont littéralement bouleversée : Rwanda 1994, Rouge décanté, Sur le concept du visage de Dieu…
Depuis longtemps, le FTA est devenu notre road-trip culturel de l’année.
Chaque année, avec une amie, nous attendons avec impatience le dévoilement de la programmation et la mise en vente. Rapidement, selon notre rituel annuel, après le travail, nous allons dans le quartier chinois déguster nos plats favoris et le programme en main, sélectionnons au moins 10 spectacles d’un commun accord. Notre seule consigne est de se fier à nos intuitions. Nous invitons souvent des gens de notre entourage à se joindre à nous.
Les beaux jours de printemps irrémédiablement associés à cette aventure, nous nous rendons aux salles en marchant. Parfois, on mange un morceau dans le quartier où a lieu la représentation. Depuis le début de ce rituel, nous avons assisté à des chefs-d’œuvre, apprécié la diversité des pays et cultures représentés, vécu des émotions fortes, parfois même détesté une œuvre avec joie. Ce qui nous plaît d’un tel road trip, c’est le risque vers l’inconnu et ses découvertes. À la fin de chaque édition, notre bilan est toujours des plus heureux et nous anticipons déjà le prochain.
En ce 35e anniversaire, c’est une grande tristesse qui nous envahit et nous compterons les jours qui nous séparent de la future merveilleuse aventure qu’est le FTA dans nos vies.
Comme je suis le Festival depuis ses débuts, j’ai énormément de coups de cœur à soumettre. Parmi les incontournables, je nomme: Des arbres à abattre, Eraritjaritjaka, musée des phrases, Les trois derniers jours de Fernando Pessoa, Les Atrides, La classe morte, Les trous du ciel, Les plaques tectoniques.
D’autres spectacles dont la mise en scène était excellente : Le traitement, Pour un oui ou pour un non, Je me souviens, Opium.
Autres petits bonheurs et curiosités : L’opéra paysan, Petits miracles misérables et merveilleux, The Angels of Swedenborg.
J’espère de tout cœur que ce Festival aura une longue durée.