Eraritjaritjaka, musée des phrases
Eraritjaritjaka reprend une formule aborigène qui signifie « animé du désir d’une chose qui s’est perdue ». Mais quelle est donc cette chose, si ce n’est la faculté de mémoire dont le grand compositeur et metteur en scène allemand Heiner Goebbels nous rappelle aujourd’hui l’absolue nécessité. Sur une scène nue, devant la façade d’une maison bientôt transformée en écran de projection, un homme accompagné du célèbre quatuor à cordes Mondriaan se fait l’écho des pensées de l’écrivain britannique, d’origine bulgare, Elias Canetti. Portés, emportés, déportés par la musique de quelques-uns des plus grands compositeurs du vingtième siècle, ses observations tour à tour loufoques et cinglantes, désespérées et toniques, tentent de déchiffrer le secret de notre réalité fracturée. Médium puissant à travers qui passent les mots et la musique, le comédien français André Wilms, porteur de la mémoire d’un siècle, de ses errances intellectuelles et de ses inquiétudes face au temps qui fuit, orchestre les fragments d’une histoire endeuillée.