The man I Love
L’anecdote est réelle : une jeune française sans travail, dans les années sombres de l’avant-guerre, a décidé pour survivre d’endosser l’identité de son défunt mari. Collègues, soldats, épouses, tous se sont laissé duper par son manège pendant des années. Maintenir un tel artifice tout ce temps n’est pas sans conséquence…
Supprimant son passé, niant son corps et sa voix, floue et divisée, Ella, devenue Allemande dans la pièce de Manfred Karge, pose de troublantes questions sur l’identité, sur l’aliénation. Contemporaine de la montée du nazisme et de la lente restauration d’une nation démolie, sa vie condense également l’atmosphère d’un pays qui fut au coeur du drame à un moment charnière de l’histoire. Habitée par la pure Blanche-Neige, pour l’innocence, et par l’amer Faust, pour la lucidité, cette existence plurielle oscille entre poésie, cabaret, chansons, monologues, tendresse et bouffonneries. Au milieu de ses accessoires, une actrice seule joue ce conte de fées moderne avec un rire inquiet, dans la lignée des clowns philosophes de Beckett.
Texte et mise en scène Manfred Karge Traduction anglaise Lore Brunner