Un balado du FTA en quatre épisodes

Et si ce temps d’arrêt nous permettait de poser un regard nouveau sur ce qui nous entoure ? Et si nous écoutions d’une oreille plus attentive la vie qui bat pour plonger à l’intérieur de nous-mêmes ?

Telles des offrandes pour enrichir cette parenthèse subite qui nous est imposée, quatre conversations inspirantes avec cinq sages québécois pour appréhender le visible et l’invisible autrement : Habiter la vie.

À l’heure où chacun doit apprendre à respirer et à se mouvoir différemment, comment investir ce ciel que l’on contemple de nos balcons, ces villes où on ne peut que marcher éloignés les uns des autres, apprécier le chant de tous ces oiseaux que l’on entend plus que jamais ? Comment habiter avec joie un monde qui aujourd’hui tombe en ruines ?

Les œuvres qui devaient prendre l’affiche de la 14e édition du FTA convoquaient la mort, la destruction et l’idée d’une certaine fin. En 2020, les artistes ouvraient un dialogue essentiel à propos de ce qui disparaît inexorablement autour de nous.

Sous la forme d’un balado en quatre épisodes, Habiter la vie nous propose de passer d’un discours sur l’effondrement à une ouverture vers la lumière pour sonder les mystères et les confins d’un monde habitable : le territoire, la nature, les oiseaux, le ciel.

En compagnie d’une anthropologue aînée abénakise, d’un imam soufi, d’un écrivain amoureux de Montréal, d’une philosophe-politicologue et d’un ornithologue prodige, le FTA entend faire résonner les idées et agiter doucement la pensée dans les oreilles des auditeurs.

habiter la vie

Réalisation Antoine Bédard et Jessie Mill
Avec Dalie Giroux, Nicole O’Bomsawin, Cheikh Omar Koné, Daniel Canty, Olivier Barden, Martin Faucher et Jessie Mill
Musique Antoine Bédard

 

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Épisode 1 – Nos ruines

Où en sommes-nous ? À quelle fin touchons-nous ? Comment habiter les ruines de notre civilisation et comment mourir en elles ? Dans une perspective résolument décoloniale et un brin anarchiste, la philosophe et politicologue Dalie Giroux stimule les vivants que nous sommes avec des mots nouveaux que même les plus puissants ne pourront confisquer. Nos ruines seront joyeuses ! Voilà le pari optimiste d’une occupation attentive du territoire.

 

Dalie Giroux
Dalie Giroux enseigne la théorie politique à l’Université d’Ottawa depuis 2003. Ses recherches proposent une théorie et un plan d’expérimentation interdisciplinaire des formes d’articulation entre l’espace, le langage et le pouvoir dans le monde contemporain. Elle a publié récemment Le Québec brûle en enfer. Essais politiques (M Éditeur, 2017), La généalogie du déracinement. Enquête sur l’habitation postcoloniale (PUM, 2019), et Parler en Amérique. Oralité, colonialisme, territoire (Mémoire d’encrier, 2019, prix Spirale-Eva-Le-Grand 2018-2019).

« Moi, je ne vois qu’une ruine quand je vais à Montréal, c’est ça une ruine, ça peut être beau, ça peut être extravagant, ça peut avoir 70 étages, mais c’est une ruine parce que c’est la manifestation concrète d’une forme d’habiter qui est destructrice, qui est extractiviste. »  

Références
Butler, J. (2014). Qu’est-ce qu’une vie bonne ?(M. Rueff, trad.). Paris : Payot.
Giroux, D. (2017). Le Québec brûle en enfer : essais politiques. Saint-Joseph-du-Lac : M Éditeur.
Giroux, D. (2019). La généalogie du déracinement. Montréal : Presses de l’Université de Montréal.
Giroux, D. (2019). Parler en Amérique : oralité, colonialisme, territoire. Montréal : Mémoire d’encrier.
Macé, M. (2019). Nos cabanes. Paris : Verdier.
Tsing, A. L. (2017). Le champignon de la fin du monde (P. Pignarre, trad.). Paris : La Découverte

Épisode 2 – Le ciel

Qu’ont à nous apprendre le ciel, les nuages, la voûte céleste et le cosmos ? Ces contrées impalpables échappent-elles à la finitude ? Nicole O’Bomsawin, anthropologue abénakise, et Cheikh Omar Koné, maître soufi, partagent leurs savoirs ancestraux et leurs visions spirituelles. Dans une conversation empreinte de sagesse, le ciel s’ouvre devant nous. Une invitation à lever la tête et à ouvrir son cœur.

 

Nicole O’Bomsawin
Anthropologue et muséologue de formation, Nicole O’Bomsawin est directrice du Musée des Abénakis de 1984 à 2006. Elle reçoit en 2005 le prix Dr. Bernard-Chagnan-Assiniwi pour son engagement dans la promotion et la diffusion des cultures autochtones. Elle a visité des centaines d’écoles et rencontré des milliers d’étudiants au Québec pour partager une autre version de l’Histoire, faire tomber les préjugés et les stéréotypes envers les Premières Nations. En 2011, l’Université de Montréal lui remet un doctorat honoris causa. Elle devient la première Autochtone à recevoir un tel honneur à l’Université de Montréal.

« Les gens marchent et regardent leurs pieds, ou leur téléphone. Ils ne regardent pas le ciel. Je me dis qu’il faut prendre le temps de lever le regard… Mon grand-père me disait tout le temps qu’on avait un petit fil qui nous reliait à nos ancêtres. Et ce petit fil-là, il faisait qu’il fallait qu’on lève la tête. »  


Cheikh Omar Koné
Né au Mali, Cheikh Omar Koné est le porte-parole et le conférencier du Centre Soufi Naqshbandi de Montréal. Depuis plus de 25 ans, Omar Koné est spécialiste des sciences du soufisme et de l’islam. À titre de représentant de la communauté musulmane, il a participé à de nombreuses conférences sur le concept de l’accommodement raisonnable. Il donne des ateliers pour les publics scolaires et universitaires, collabore régulièrement avec différentes institutions publiques et communautaires, et est souvent sollicité par les médias qui souhaitent connaître la position de l’islam libéral sur des sujets d’actualité. »

« Je lève souvent les yeux vers le ciel, tous les jours certainement, parce que nous sommes liés aux éléments, nous sommes liés à la nature, nous sommes liés à ce qui nous entoure et je lève les yeux pour regarder la grandeur de ce qui nous entoure et pour toucher un morceau de l’infini, un morceau de l’éternité. »  


Références
Betasamosake Simpson, L. (2020). On se perd toujours par accident (N. Kanapé Fontaine et A. Des Rochers, trad.). Montréal : Mémoire d’encrier.
Despret, V. (2015). Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent. Paris : La Découverte.
Kanapé Fontaine, N. (2018). L’âge de la renaissance des Premiers Peuples. La politique organique. Revue Liberté, (321), 27-28.
Revue Liberté. (2020). La disparition du ciel (328). Montréal. À paraître, automne 2020.
Centre soufi de Montréal naqshbandi.ca

Épisode 3 – Nos oiseaux

Précieux, les oiseaux volent, jouent et s’enthousiasment comme nulle autre espèce. Mais quand ils partent et ne reviennent plus, la vie s’éteint. Depuis l’âge de huit ans, l’ornithologue Olivier Barden, avec la finesse inouïe de son oreille, capte les chants de milliers d’oiseaux glanés d’abord ici puis ailleurs dans le monde. Il partage la douceur de leurs chants, le récit de leurs découvertes. Merveilles, périls et bizarreries au pays des volatiles.

 

Olivier Barden
Dans le monde de l’ornithologie amatrice et professionnelle, Olivier Barden, 34 ans, est reconnu comme un surdoué. Non seulement il sait distinguer près du quart des 10 400 espèces aviaires répertoriées dans le monde, mais il reconnaît aussi pratiquement l’ensemble des vocalisations des 760 espèces qui se reproduisent au Canada et aux États-Unis. Il a participé au Deuxième atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Cet ouvrage colossal paru en avril 2019 rassemble les données recueillies par près de 2 000 ornithologues expérimentés.

« Les oiseaux et les humains ne sont pas si différents. L’espèce humaine a réussi à s’adapter et à coloniser presque tous les habitats du monde. On partage notre extrême adaptabilité avec les oiseaux. »


Références
Bilodeau, L. (2019, 16 septembre). Le talent prodigieux de l’ornithologue Olivier Barden. Québec Science. Récupéré de https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/prodigieux-ornithologue-olivier-barden/
Carson, R. (1962). Silent Spring. Boston : Houghton Mifflin Company.
Chatwin, B. (1987). The Songlines. Franklin : Franklin Press.
Couturier, A. R., Hachey, M.-H., Lepage, D. et Robert, M. (dir.). (2019). Deuxième atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Montréal : Regroupement Québec Oiseaux.
Demarcq, J. (2019). Pourquoi des oiseaux. Revue Po&sie – Des oiseaux, (167-168), 35-36.
Despret, V. (2019). Habiter en oiseau. Paris : Actes Sud.
Macé, M. (2019). Écoute ce que te dit l’oiseau. Revue Po&sie – Des oiseaux, (167-168), 230-238.
Revue Po&sie. (2019). Des oiseaux (167-168). Paris : Belin.
Stengers, I. (2009). Au temps des catastrophes. Paris : La Découverte.


Chants d’oiseaux 
Sturnus vulgaris + Cardinalis cardinalis + Chaetura pelagica + Mimus polyglottos + Hylocichla mustelina + Bartramia longicauda + Troglodytes hiemalis + Thryophilus rufalbus cumanensis + Tinamus major + Myadestes occidentalis

Source : xeno-canto.org

Épisode 4 – La somme des pas perdus

Daniel Canty est écrivain et marcheur. Ses pas dans la ville activent les mots et recréent la vie. En observateur amoureux de l’écologie narrative, il s’attarde au rôle du langage dans ce qui nous constitue. Avec lui, la poésie est un aspect de la lumière, une condition du climat et une forme de vie. Montréal, sa nature, ses lieux, ses eaux. Entre monde réel, monde rêvé, monde souvenu : rendez-vous sur l’île !

 

Daniel Canty
Le dernier livre de l’artiste et écrivain Daniel Canty intitulé La société des grands fonds (La Peuplade, 2018), une exploration des rapports flottants entre la littérature, l’eau et la mémoire, a été finaliste au Grand Prix du livre de Montréal et aux Prix du Gouverneur général. La prose poétique de Canty, où la curiosité se conjugue à une tendresse mâtinée d’humour, sonde le sentiment du temps. Il a été le dramaturge de nombreuses pièces de théâtre et de danse.

« On oublie que c’est une forme de vie, le langage, que c’est une forme fondamentale de solidarité. C’est un des liens sociaux les plus forts et les plus doux, et en même temps, ça peut être très violent aussi. »


Références
Canty, D. (2016). Comment je suis devenu un livre. Montréal : Formats X.
Canty, D. (2016). Mappemonde. Montréal : Le Noroît.
Canty, D. (2018). La société des grands fonds. Saguenay : La Peuplade.
Clément, G. (2002). Éloge des vagabondes. Paris : Éditions Nil.
Clément, G. (2004). Manifeste du Tiers-Paysage. Montreuil : Éditions Sujet/Objet. Récupéré de http://www.gillesclement.com/fichiers/_tierspaypublications_92045_manifeste_du_tiers_paysage.pdf
De Baecque, A. (2016). Une histoire de la marche. Paris : Perrin.
Ducharme, R. (1973). L’hiver de force. Paris : Gallimard.
Gros, F. (2009). Marcher, une philosophie. Paris : Carnets Nord.
Gros, F. (2011). Petite Bibliothèque du marcheur. Paris : Flammarion.
Hénault, G. (2006 [1991]). À l’écoute de l’écoumène. Dans Poèmes 1937-1993 (p. 249-328). Montréal : Les Éditions Sémaphore.
Marie-Victorin, Frère. (1935). Flore laurentienne. Montréal : Imprimerie de La Salle.

Suggestions de Daniel Canty
Berger, J. (1992 [1984]). And Our Faces, My Heart, Brief as Photos. New York : Vintage International.
Dillard, A. (2007). Pilgrim at Tinker Creek. New York : Harper Perennial.
Lambert, V. (2019). Mirabilia. Montréal : Le Quartanier.

CRÉDITS

Une production du Festival TransAmériques
Réalisation Antoine Bédard et Jessie Mill
Avec Dalie Giroux, Nicole O’Bomsawin, Cheikh Omar Koné, Daniel Canty, Olivier Barden, Martin Faucher et Jessie Mill
Musique Antoine Bédard
Coordination et assistance à la réalisation Claudie Gagnon
Assistance à la recherche Emmanuelle Jetté
Assistance à la production sonore Simon R. Tremblay
Avec le soutien de l’équipe du Festival TransAmériques