Éditos de la codirection
Martin Faucher
Codirecteur général et directeur artistique
© Maude Chauvin
La beauté est sans compromis
Tête baissée, à une vitesse de plus en plus folle, nous fonçons dans le cours de l’humanité. Profits éhontés, accumulation insensée de biens inutiles, exploitation, mépris et violences impitoyables envers l’autre. Nous trébuchons, et de peine et de misère, nous nous relevons pour poursuivre le saccage des territoires que nous dévastons.
L’année que nous venons de traverser, chacun bien à distance pour ne pas se contaminer, montre bien notre échec à être partie prenante d’une véritable richesse collective. Le manque de respect envers la nature, essence de la vie sur terre, aura, je le crains, raison de nous.
C’est pourquoi il faut cultiver à chaque instant et à tout moment de notre âge le sens de la beauté.
Quelque part
Dans cette ville
Je suis l’humain
Du momentJe cherche mes traces
Joséphine Bacon
Le Festival TransAmériques est un événement rassembleur qui remet en question le cours erratique de notre humanité défaillante. Cette célébration de la danse et du théâtre donne la parole aux artistes qui, avec audace, pointent du doigt là où nous échouons. Ces femmes et ces hommes aux regards sensibles, aigus, savent aussi échafauder des rêves bienfaisants qui nous permettent de percevoir tout le bon et le beau que nous recelons. Leurs imaginaires remplis de fantaisie, de clairvoyance et d’émotion nous insufflent courage et énergie pour poursuivre le chemin avec intelligence, avec amour.
Bâtie dans l’incertitude, l’inquiétude et la rage de vivre par une équipe vaillante et dévouée, cette 15e édition du FTA ne sait pas encore sous quelle forme elle verra le jour. Là, devant vous, à vibrer ensemble dans un même espace, sur une même place ? Par le truchement d’un écran permettant de vous rejoindre partout, à toute heure du jour et de la nuit ? Peu importe ce qui sera possible ou non en mai et juin prochains, nous sommes prêts à vous rencontrer. Notre désir de partager les rêves et les doutes de tous ces artistes de Montréal et de partout dans le monde est immense, vital.
Deux spectacles de cette édition créés par des artistes des Premiers Peuples portent des titres en langues autochtones. Le premier, Meshtitau, veut dire en innu « il a tout détruit, saccagé sur son passage » ; le second, Aalaapi, en inuktitut « faire silence pour entendre quelque chose de beau ».
Cette édition parle de chaos, de destruction bien évidemment, mais aussi de reconstruction, par le geste, le mouvement, le verbe, la parole. Le temps et l’espace sont investis autrement afin que nous puissions mieux habiter cette vie que nous avons par trop malmenée. Ces éternels jours confinés ont ravivé notre soif de liberté, éveillé notre appétit d’une insouciance salutaire.
C’est ainsi que des artistes s’installent dans des salles ou dans l’espace public plus longtemps qu’à l’habitude. Leurs œuvres demandent à être fréquentées lentement, patiemment, le temps faisant en sorte que de nouvelles réalités aux détails et subtilités insoupçonnés puissent apparaître, que le silence devienne un précieux allié.
Montréal, Tio’tia :ke, est la trame de fond sur laquelle repose cette édition. Plusieurs spectacles se déroulent dans des endroits où le FTA ne s’est jamais, ou peu, déployé : une place du Vieux-Montréal dont l’histoire est méconnue ; le discret jardin du Musée d’art contemporain ; des parvis d’églises ; une chapelle désacralisée ; le mur d’un bâtiment administratif ; ou encore des théâtres réaménagés pour que s’établisse un dialogue nouveau avec les spectateurs. Tous ces lieux où notre regard est appelé à se poser sont source de questionnement, de critique, d’espoir. Oui, nous avons le pouvoir de réaménager nos murs et nos sols pour faire en sorte que le cours des choses se redresse et qu’une nouvelle histoire, respectueuse de toutes et de tous, s’écrive.
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Cette édition est la dernière que je signe à titre de directeur artistique. Pendant sept ans, j’ai eu le privilège de vous livrer ma vision du monde, ma foi profonde en la force positive de l’art. Vous étiez là, nombreux, curieux, enthousiastes, et avez donné un sens à ma quête de l’inédit, de l’indicible, du merveilleux. Je vous remercie sincèrement d’avoir été à mes côtés dans cette aventure toujours à réinventer qu’est celle du Festival TransAmériques.
Je quitte heureux, fier du travail accompli. Ce travail ne s’est pas fait seul, loin de là. Je n’ai que des mots élogieux à l’égard de David Lavoie, mon loyal codirecteur général avec qui tout devient possible. Je ne saurais assez remercier la grande et belle équipe du Festival avec qui j’ai travaillé de concert et dans la joie pour vous offrir, année après année, le choc des formes et des idées, et surtout, la fête.
J’ai une profonde gratitude pour la cofondatrice du FTA, Marie-Hélène Falcon, qui, il y a 15 ans, m’a invité à me joindre à elle à titre de conseiller artistique. De cette femme visionnaire, tenace et inspirée, j’ai tout appris sur ce rôle étrange de directeur de festival.
Alors que le monde entre de plain–pied dans un chapitre crucial de son histoire, je souhaite le meilleur, et même davantage, aux nouvelles codirectrices artistiques Martine Dennewald et Jessie Mill qui auront la grande tâche d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du FTA. Que l’aventure amorcée il y a 35 ans se poursuive !
J’apprends à voir.
Je ne sais pas à quoi cela tient, mais tout pénètre plus profondément en moi, sans s’arrêter à l’endroit où d’ordinaire tout s’achevait.
— Rainer Maria Rilke
Toutes ces années passées au sein du Festival TransAmériques m’ont rendu meilleur.
David Lavoie
Codirecteur général et directeur administratif
© Maude Chauvin
Solidarité salutaire
Nous évoluons ensemble vers un avenir incertain. Notre société est percutée par des crises environnementale, sociale et économique, sans compter la pandémie qui bouleverse tout depuis plus d’un an.
Ces multiples visages que revêt le présent ne peuvent nous laisser indifférents, malgré les distances imposées. La fragilité de la planète, la santé des plus vulnérables, la jeunesse interrompue dans son élan, le secteur culturel rudement impacté, la précarité, les iniquités et les injustices.
Dans un tel contexte, quel rôle un festival international consacré à la danse et au théâtre contemporains peut-il jouer ?
Pour répondre au temps présent, le FTA a pris le parti d’être solidaire de son milieu. Il a choisi de soutenir ses parties prenantes : artistes et travailleurs culturels, compagnies, salles de spectacles, milieux scolaires et partenaires de tous ordres. C’est ainsi que nous annoncions dès septembre dernier d’importants investissements sous l’égide des Respirations du FTA pour aider les artistes et leurs équipes à aborder positivement la suite. Cette initiative rendue possible grâce à l’appui des instances publiques et de nos généreux donateurs aura permis à plus d’une quarantaine de créatrices et de créateurs d’amorcer de nouveaux projets, dont plusieurs se retrouvent dans cette 15e édition.
À l’heure où les vaccins circulent et où une nouvelle vague menace le Québec, cette édition est conçue en tenant compte de toutes les perspectives et de façon à assurer un environnement sécuritaire aux festivaliers, aux artistes et aux employés. Je salue ici chaleureusement la courageuse équipe du Festival qui relève avec cœur cet immense défi d’adaptation.
Il y a cette année de multiples portes d’entrée pour fréquenter le Festival, incluant un volet de programmation numérique qui, nous l’espérons, suscitera votre intérêt. Chères festivalières, chers festivaliers, vous êtes les ultimes destinataires de ce grand événement. Cette relation avec vous est essentielle. Merci d’être là, présents et solidaires.
Reconnaissance du territoire
Nous reconnaissons que nous sommes sur un territoire autochtone millénaire, lieu de rencontres et de diplomatie entre les peuples. Ce territoire, jamais cédé, est celui du traité de la grande paix signée en 1701 entre 40 nations de différentes origines, à la fois d’Amérique et d’Europe. Nous remercions la nation Kanien’keha:ka (Mohawk) de son hospitalité sur ce territoire.
Mots des partenaires publics
La danse et le théâtre à l’honneur à Montréal
Le gouvernement du Québec est fier de s’associer à ce 15e Festival TransAmériques. Cet événement unique compte aujourd’hui parmi les plus grands rendez-vous de danse et de dramaturgie contemporaines en Amérique et dans le monde.
Ce succès et cette renommée sont à la hauteur de Montréal, métropole culturelle d’un Québec à l’avant-garde dans la recherche et la diffusion en arts de la scène.
Bravo aux organisateurs du FTA, bienvenue aux artistes de tous les domaines des arts de la scène et excellent festival à toutes et à tous !
Nathalie Roy
Ministre de la Culture et des Communications
Caroline Proulx
Ministre du Tourisme
Chantal Rouleau
Ministre déléguée aux Transports
et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal
La dernière année a été un véritable choc pour le milieu culturel. C’est dans ce contexte exceptionnel que je salue tous les passionnés qui ont mis leur talent à l’œuvre pour donner vie au Festival TransAmériques 2021. Merci d’avoir relevé les multiples défis que pose la pandémie. Plus que jamais, nous avons besoin des artistes, des créatrices et des créateurs. Ensemble, il est plus facile de traverser les épreuves. Bon festival !
L’honorable
Steven Guilbeault
Ministre du Patrimoine canadien
Pour une 15e année, le Festival TransAmériques nous invite à découvrir le meilleur de la création en théâtre et en danse contemporaine. Plus grand festival de son créneau en Amérique du Nord, le FTA contribue à positionner notre métropole sur la scène culturelle internationale et fait rayonner Montréal.
Je tiens à saluer le travail des organisateurs et organisatrices qui ont su adapter avec brio ce festival montréalais incontournable au contexte actuel.
Bon Festival !
Valérie Plante
Mairesse de Montréal
Les arts nous aident à mieux nous comprendre les uns les autres; ils nous incitent tous ensemble à imaginer un monde meilleur.
En cette période sans précédent, les artistes et les organismes artistiques adoptent des approches novatrices pour continuer de créer et de partager leurs œuvres avec le public. Alors que nous sommes aux prises avec des défis immenses à l’échelle mondiale, les arts sont une réserve inépuisable de renouvellement, d’inclusion et de résilience.
Le Conseil des arts du Canada est fier d’appuyer le Festival TransAmériques, qui mise résolument sur le pouvoir rassembleur des œuvres qu’il présente.
Simon Brault, O.C., O.Q.
Directeur et chef de la direction
Conseil des arts du Canada
Comment insuffler un vent de vitalité aux arts vivants en pleine tempête ? Pour sa 15e édition, le FTA nous attire dans un Montréal mû par l’art et la beauté en nous propulsant vers des territoires insoupçonnés.
Le Conseil des arts de Montréal salue l’engagement du Festival qui assure le dynamisme des communautés de la danse et du théâtre d’ici. Merci à l’équipe et aux artistes de continuer à nous émerveiller avec des gestes artistiques inédits et résolument inspirants !
Nathalie Maillé
Directrice générale
Conseil des arts de Montréal