22 mars 2022

Plongée

Cette 16e édition du Festival TransAmériques aborde la suite du monde avec élan et ardeur. Elle est marquée par le retour d’une programmation internationale de pleine envergure, après deux ans d’attente. Ce printemps, des artistes de 18 pays se joindront aux créatrices et créateurs de la danse et du théâtre d’ici.

Signé par une nouvelle codirection artistique complice, ce Festival s’est construit au fil de rencontres, d’alliances nouvelles et d’invitations enthousiastes. C’est le commencement d’un chantier qui se déploiera ces prochaines années, façonné par les désirs des artistes et par le retentissement de votre présence, seuls à pouvoir soulever un festival.

L’édition 2022 est traversée de mille courants. Sur la nouvelle esplanade Tranquille, un théâtre aquatique venu des États-Unis accueille des cycles d’inondations qui bouleversent avec grâce la vie quotidienne. Dans une galerie d’art, des artistes du Nunavut mettent à l’épreuve un prototype de glacier, sculpture vivante à la surface de laquelle ruissellent les images et les mots d’une histoire oubliée. Sur le bord du fleuve Saint-Laurent, une troupe gaspésienne rapporte un siècle et demi d’échanges parlementaires autour des bélugas. Ailleurs, un fleuve de l’Amazonie fait entendre ses vies et clame ses histoires. L’eau s’est ainsi infiltrée dans plusieurs des œuvres invitées et nous avons pris le parti de lui dédier une journée.

Un second sillon vital s’est imposé, celui des langues. Tantôt insuffisantes pour exprimer l’indicible, tantôt souveraines, elles parcourent le Festival, luttant contre l’oubli, l’ignorance ou le mépris. Les mots redonnent corps à l’histoire, se dressent pour faire exister un individu, une nation, un futur partagé. Presque tous les spectacles sont offerts en deux langues ou plus, et une journée est consacrée à la création et aux langues des Premiers Peuples.

Nous ne sommes pas les seul·e·s à être porté·e·s par un optimisme inébranlable, à preuve ces danseurs qui se déplacent de quartier en quartier pour transmettre une polka italienne en voie d’extinction. Les scènes n’ont pas forcément à être les miroirs d’une société, mais elles peuvent faire émerger ce qui n’existe pas encore, exprimer ce qui est tu, sublimer ce qui nous tord les entrailles, faire réapparaître les corps dans leur force et leur vulnérabilité, tout autant que dans la beauté de leur multitude.

Il faut tout un village pour réaliser un festival. Depuis nos partenaires, en passant par les donatrices et donateurs, jusqu’à nos collègues et nos généreux bénévoles : chacun de ces liens soutient ce projet essentiel pour une métropole telle que Montréal. À toutes les parties prenantes du Festival, aux équipes, aux artistes et aux technicien·ne·s : merci !

Rien n’est plus important, enfin, que le rôle de spectatrice et de spectateur. Les œuvres de ce Festival ont été pensées dans l’expectative de la rencontre, du rapprochement. Du plaisir et de l’ébranlement. Refaisons cette communauté éphémère — frisson d’émoi, grincement de dents, grand rire sonore. Accueillons ensemble ce moment où nous dirons : « Ce soir, il s’est passé quelque chose. »

Martine Dennewald
Codirectrice artistique

Jessie Mill
Codirectrice artistique

David Lavoie
Directeur général


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