© Maude Chauvin

Presque tout est dépassé, inopérant. Il n’y a plus de certitude. Demain n’est pas assuré. Le monde d’hier s’efface doucement dans un brouillard étrange. Les frontières de nos territoires, politiques ou intimes, physiques ou virtuels, sont inadéquates et ne correspondent plus à nos réalités multiples, changeantes. Une rose n’est plus seulement a rose is a rose is a rose is a rose comme l’écrivait avec une simplicité désarmante Gertrude Stein. D’ailleurs, y a-t-il encore des roses ? Si oui, comment les représenter ? Par d’autres roses, uniquement ?

Les arts, la vastitude de leurs possibilités, l’éthique qui les commande font en ces temps révolutionnaires l’objet d’âpres débats. L’artiste est-il encore pleinement libre de créer, d’exulter ? Ou, au contraire, est-il soumis à un cahier des charges, à un sens de la responsabilité rendu nécessaire par des siècles d’oppression, de colonialisme, d’usurpation, de méprise ? Les doutes que soulève notre époque n’offrent-ils pas à l’artiste une formidable occasion de s’aventurer dans des zones d’émancipation ? Tout bouge, enfin. La stagnation n’est plus possible. Un grand souffle doit nous traverser de part en part afin de vraiment accéder à l’Autre. Sortir de soi, faire un pas de côté, adopter une autre perspective, écouter ; c’est ce à quoi je vous invite tout au long de cette 13e édition. Nous n’en ressortirons que bousculés, transformés, pour la suite des choses, du monde.

Martin Faucher